Voilà un extrait d'une histoire que j'ai commencée y'a un an en cours de Maths, l'embêtant c'est que vous avez sous les yeux tout ce que j'ai eu le courage de taper à l'ordi, le reste est... dans ma tête! Mais attention dans ma petite cervelle y'a pas juste le scénario y'a des passages entiers que je connais par coeur!
Bon alors premier chapitre:
"Nea tira son poignard et tenta de trancher le tentacule de la pieuvre qui fonçait sur elle. Pourtant, dans un réflexe incroyable, l’animal évita le coup fulgurant que la jeune fille lui portait. Presque aussitôt, un autre appendice attaqua, de l’autre côté. Nea comprit qu’elle n’aurait pas le temps de l’éviter. Au lieu de chercher à fuir, elle se mit en position d’attaque et attendit (une fraction de seconde) que la bête la saisisse à la taille. Elle voulut frapper à nouveau, mais la bête lui arracha son arme, la laissant pousser un juron sonore. Elle esquissa un geste vers la fine épée attachée à sa taille, mais l’animal resserra sa prise, lui interdisant de prendre une nouvelle arme. Les yeux verts de la jeune fille scintillèrent de rage lorsqu’elle comprit que la bête pouvait lire dans ses pensées. Elle sentait déjà les tentacules mentaux (décidément, elle en avait assez des tentacules) de la pieuvre s’infiltrer dans son esprit, anéantissant toute volonté. La colère de Nea les chassa tous. Elle reprit les choses en main en quelques secondes. Ramassant les pensées qui lui restaient dans le coin le plus reculé de son esprit, elle ralentit les battements de son coeur, et fit la morte. La créature, étonnée, secoua ce jouet vivant soudain devenu flasque. Sa réaction fut pour le moins... surprenante: elle essaya d’avaler la jeune fille. Nea voyait le bec du monstre se rapprocher à une vitesse hallucinante. Luttant pour ne pas hurler de terreur, elle inspira lentement, profondément, et se laissa avaler par la bête.
“Surtout ne pas se débattre...” pensait-elle.
Elle se laissa glisser dans le tuyau de l’oesophage, et, assise dans l’estomac de la pieuvre, rassembla ses esprits une seconde et se jeta à l’assaut de la paroi élastique, tailladant la chair à coup d’épée sans se dégoûter du sang qui gouttait à ses pieds. Enfin elle trouva ce qu’elle cherchait: le coeur. Elle transperça le muscle palpitant sans sourciller, et...
Se retrouva pendue à quatre mètres au-dessus de l’eau. La bête avait disparu dans une explosion d’air silencieuse. La jeune fille se laissa tomber. Elle poussa pourtant un cri en entrant en contact avec l’eau glacée et putride du marais. Plus un hurlement de rage qu’un glapissement de surprise, à vrai dire.
L’eau imbiba ses vêtements en quelques secondes, et le poids de ses armes l’entraînait par le fond. Pourtant bonne nageuse, elle peina à regagner la rive (par ailleurs si spongieuse que l’on se demandait si on était bien sorti de l’eau!).
Jurant et pestant contre les herbes gluantes qui s’enroulaient autour de ses jambes, elle se remit debout. Un vent chaud et sec ébouriffa la chevelure blonde et sécha parfaitement tous ses vêtements. La croûte de boue dont elle était recouverte se fendilla avant de tomber toute seule au sol.
Nea se dirigea à grandes enjambées vers la silhouette qui émergeait du brouillard.
-Domi!!! Je vais t’étriper! hurla-t-elle.
Peu à peu, l’ombre se précisa. La jeune fille se trouvait à présent devant un homme d’une quarantaine d’année. Ses traits fins, presque féminins, présentaient une étrange ressemblance avec ceux de Nea, même si ses cheveux blonds étaient déjà striés de gris.
Nea avança jusqu’à se trouver à quelques centimètres à peine du grand homme qui la toisait. Celui-ci daigna enfin prononcer quelques mots.
-Mademoiselle, je vous rappellerai que pendant les leçons, vous êtes censée me vouvoyer et m’appeler “Maître”.
Il disait cela avec un étrange sourire ironique, qui faisait bien sentir que son ton froid était feint. Nea explosa.
-Je n’appellerai pas “Maître” un crétin qui n’a pas déclenché les amortisseurs quand je suis tombée, qui m’a laissé couler dans la boue des marais avec je ne sais combien de kilos de ferraille sur le dos, et qui de plus, est mon oncle!
L’oncle en question recula prudemment devant la férocité de la jeune guerrière. Il tenta une parade.
-Nea, mon but est de préparer les jeunes gens de quinze ans, comme toi, aux conditions réelles d’un combat. Et dans une vraie bagarre, pas d’amortisseurs!
Il semblait satisfait de son explication, mais c’était sans compter su l’esprit vif de sa nièce.
-Dans une vraie bagarre, comme tu dit, les monstres ne disparaissent pas quand tu les as tués! hurla-t-elle.
Elle se radoucit enfin.
-En parlant de réalisme, Domi, tu devrais revoir l’intérieur de tes bestioles. Si j’avais été dans une vraie pieuvre, je me serais fait arroser de sucs gastriques qui m’auraient rapidement réduite en bouillie.
-Je ne peux quand même pas faire se dissoudre mes élèves dans un souci de réalisme!
-Je n’ai jamais dit ça. Tu devrais plutôt mettre au point un décompte lumineux, du genre “les sucs gastriques vous attaquent, il vous reste trente secondes à vivre”...
Domi notait frénétiquement sur un carnet qu’il avait tiré de sa poche.
-Autre chose: le sang. Il n’y en a pas assez, j’en ai à peine vu quelques gouttes.
Comme Domi s’apprêtait à répliquer, elle le fit taire.
-Ne me dit pas que tu ne veux pas choquer tes élèves. S’ils ont l’âme sensible, ils n’ont qu’à rester chez eux. Et...
Domi n’entendit jamais la phrase que Nea allait prononcer. Un... couinement? grincement? meuglement? leur fit baisser les yeux. Mais la brume qui entourait leurs pieds était si épaisse qu’ils se demandaient même si leurs orteils existaient. Domi se baissa, et quand il se releva, une chose affreuse s’entortillait autour de son bras.
Nea retint de justesse le cri d’horreur qui était sur le point de jaillir de ses lèvres. Fronçant les sourcils, elle détailla la créature avec attention. Soudain, un tentacule jaillit. Nea recula.
-Oh non! s’exclama-t-elle en transperçant son oncle de son regard vert. C’est la petite soeur de la pieuvre qui m’a attaquée!
Domi eut un sourire gêné, tout en rangeant la chose dans un sac de toile grossière.
-Il se trouve que c’est la pieuvre qui t’a attaquée. Je dois dire que le sort réducteur que m’a vendu ce marchand douteux est assez efficace. Quoique je ne...
Sa voix faiblit peu à peu devant l’air inquisiteur de sa nièce. Il rassembla toute sa patience, tout son courage et attendit. Car il savait ce qui allait se passer.
-QUOI? rugit Nea. Tu garde ce... ce truc immonde chez toi? Tu vas le ramener? Tu te rends compte que c’est dégoûtant? Tu comptes en faire quoi? Ton animal de compagnie? Et...
Domi sourit intérieurement. Elle était exactement comme sa mère. Il avait été surpris en rencontrant Safia pour la première fois de ces “crises” où elle posait des questions à n’en plus finir, jusqu’à obtenir toutes les réponses ou épuiser ses interlocuteurs. Il profita d’une accalmie (il fallait bien que Nea respire) pour proposer:
-Tu veux passer chez moi?
Mal lui en prit. La jeune fille hurla de plus belle.
-Qu’est-ce que tu crois? Que je vais aller m’enterrer dans une cabane miteuse, au milieu des marais, entourée de petites boîtes où sont enfermées de petites choses tout aussi gluantes que celles que tu tiens? C’est quoi cette blague? Ramène moi chez moi tout de suite ou je hurle!
Se retenant très fort de lui faire remarquer qu’elle hurlait déjà, Domi fit un geste nonchalant, comme pour chasser une mouche. Sa main se posa alors sur la poignée d’une porte, qui n’était pas là une seconde plus tôt. Il la tourna et, invitant Nea à le suivre, franchit la porte, grande ouverte au milieu de nulle part."